Thibault or How do you take the pulse of a cathode ray tube?
If we recognize that each composer tends to privilege one dimension of musical discourse or another (for example: timbre, harmony, or instrumental virtuosity) in his work and thus conjure up a ‘style,’ listening to the music of Alain Thibault is like listening to a game of rhythms but mostly a game of attacks. The constant and abrupt contrast between silence (or an harmonic background serving a similar function) and the sound itself — cutting and incisive, percussive, vigorous and energetic, and resolutely urban — is here the central core from which the dynamic of the work develops. If there are musics to be listened to with your head between your hands, we should ideally listen to this one at full volume, in a sports car, under a radiating sun, in the middle of intertwining expressways. The resultant energy comes from — without apology — the resources of ‘studio pop,’ rock and jazz. Actually, Alain Thibault consciously rejects many positions of the so-called ‘contemporary’ music as early as Varèse or Messiaen. And this is precisely what bothers those who like to clearly divide genres. Some may have been scandalized by that central place that is suddenly occupied by the most distinctive element of ‘pop’ music: the drum solo… But it is in vain that one would look on stage for the amazing rhythm section in “OUT”, “ELVIS (Électro-lux, vertige illimité synthétique)” or “Volt”: the computer, has replaced it, guided however by a hand whose control is impressive.
This duel of will and pure technique seems to have displaced itself from the creative stage to the performance itself. Now the soloists have to juxtapose themselves almost with inhuman precision to an implacable, insensitive and independent tape. The process is similar to those breathtaking ensemble passages, in perfect synchronization, previously found in the music of musician like Frank Zappa who, in turn, probably was influenced by the best American Big Bands. In this respect, the “Concerto pour piano MIDI” (Concerto for MIDI Piano) is of formidable performance difficulty (imagine a Cybernetic Prokofiev), whereas “Le soleil et l’acier” (Sun and Steel) might have been subtitled “The Lung and the Machine” or “Breath against Dynamo.” The winner of the event is not necessarily the one we think. At the outset, essentially rhythmic with a frenetic quality, recently the music of Alain Thibault seems to give an evergrowing place to melody. As if emotion had opened a path, a voice…
– Jean Boivin [iii-90]
[FR]
Thibault ou Comment prendre le pouls d’un écran cathodique?
Si l’on admet que chaque compositeur tend à privilégier dans son travail de création l’une ou l’autre des facettes du discours musical (par exemple le timbre, l’harmonie ou la virtuosité instrumentale) et à se forger ainsi un ‘style’, la musique d’Alain Thibault s’impose à l’audition comme un jeu de rythmes mais surtout d’attaques. Le constant et abrupt contraste entre le silence (ou l’arrière-plan harmonique qui en tient souvent lieu) et le son lui-même, incisif, percutant, énergique et résolument urbain, est ici le nerf central à partir duquel la dynamique de l’œuvre se développe. S’il est des musiques que l’on écoute la tête entre les mains, on devrait idéalement écouter celle-ci à plein volume, dans une voiture de sport, sous un soleil éclatant, au cœur d’un entrelacement de voies rapides. L’énergie qui s’en dégage puise sans complexe à même les ressources du ‘pop de studio’, du rock et du jazz. En fait, Alain Thibault rejette consciemment de nombreux acquis de la musique dite ‘contemporaine’ depuis, disons, Varèse ou Messiaen. Et c’est bien là ce qui dérange les tenants d’une division franche entre les genres; certains ont pu être hérissés par ce piédestal sur lequel on élève soudain l’élément le plus distinctif de la musique ‘pop’: l’indispensable ‘solo de drum’… Mais c’est en vain que l’on chercherait sur scène l’interprète des effarantes sections rythmiques de «OUT», de «ELVIS (Électro-lux, vertige illimité synthétique)» ou de «Volt»: l’ordinateur l’a remplacé, guidé toutefois par une main dont l’assurance ne peut qu’impressionner.
Ce duel de la volonté et de la technique pure semble s’être récemment étendu de la phase créatrice à l’exécution elle-même. Le ou les solistes doivent se juxtaposer avec une précision presque inhumaine à une bande implacable, insensible et souveraine. Le procédé s’apparente à ces vertigineux traits d’ensemble, parfaitement synchrones, proposés naguère par des musiciens comme Frank Zappa, lui-même sans doute influencé par les meilleurs Big Bands américains. Le «Concerto pour piano MIDI» est à cet égard d’une redoutable difficulté d’exécution (on imagine un Prokofiev revisité par la cybernétique), alors que «Le soleil et l’acier» aurait pu être sous-titré «le poumon et la machine» ou «le souffle contre le dynamo». Mais le vainqueur de l’épreuve n’est pas nécessairement celui que l’on croit. Au départ essentiellement rythmique et de caractère effréné, la musique d’Alain Thibault semble depuis peu accorder une place plus grande au paramètre mélodique. Comme si l’émotion était parvenue à trouver une voie d’accès, une voix…
– Jean Boivin [iii-90]
credits
released April 25, 1990
empreintes DIGITALes 1990
Image: Jacques Collin, Miguel Raymond
Korean-Australian singer/composer, Armenian keyboardist, and American guitarist instill experimental jazz with neoclassical elegance. Bandcamp New & Notable Dec 13, 2023
As the title implies, the latest from Lebanese artist Yara Asmar combines ambient synths with treated accordion in dreamlike songs. Bandcamp New & Notable Oct 31, 2023